dimanche 6 janvier 2008

NOIR C'EST BLANC

Au noir de la nuit succède le jour et ses couleurs, sa lumière. Et si certains de mes articles peuvent contenir du noir ce n'est pas que je sois glauque ou dépité, c'est simplement que le quotidien est divers. Sans le noir il n'y aurait pas de blanc ou du moins ne le verrait on pas. Ombre et lumière, jour et nuit, vie et mort. Ou plutôt non; mort et vie car demain le jour se lève toujours.
Les histoires sont des emportent rêves, des tirent larmes et des extracteurs d'émotions. Alors, laissez moi vous compter celle-ci.

Dans le petit village qu'habite mon père, plus précisément dans la maison en face de la sienne, vie; mais il me faut maintenant dire vivait, un couple que je connaissais depuis que je me souvienne. Normal, puisqu'ils ont toujours vécu là.
Je les voyais régulièrement à l'occasion d'une visite chez mon paternel,avec qui ils avaient l'âge en commun. C'est à dire les 80 touchants.
Chaque fois je restais scotché de les voir s'enlacer, s'embrasser, partager cette complicité d'un jeune couple que le temps n'aurait pas érodé, mais plutôt confirmé dans les liens qui leurs ont permis de traverser les galères d'une vie à la dure.
Jamais l'un n'allait sans l'autre. Jamais un fardeau n'était la charge d'un seul. Mêmes peines, mêmes joies, même vie. À les voir, je gardais la certitude que le bonheur est possible. Ils étaient tous deux le quotidien d'une existence qui se repose après s'être donné. Une enfance de la guerre et la suite n'était pas plus réjouissante. Dans mon village l'eau courante n'est venue qu'en 1960 année de ma naissance pars ailleurs, et la terre use les hommes plus sûrement que le temps. Mais voilà, ils avaient surmontés les difficultés et se réchauffaient maintenant à la douceur de leur automne.
Puis un jour, la maladie. Elle a le foie qui défaille. Hospitalisation, transplantation et opérations se succèdent. Lui, des mois durant, malgré l'âge, la faiblesse de ses jambes, entreprend jour après jour les 100km allé 100km retour pour être au près d'elle. Je le voyais y perdre ses forces. Mais sa souffrance à lui était ce fardeau dont il ne pouvait cette fois porter sa pars.
Une longue lutte, mais ce corps qui finalement n'en peut plus, s'éteint. Elle est partie le 25 novembre 2006.
Pour lui, se fut un soulagement car seul la mort pouvait encore le délivrer de la souffrance de sa femme.
Et se fut l'automne puis l'hiver. Dans une maison vide, sans elle. Le printemps et l'été passa et revint l'automne. Je voyais bien sur son visage la résignation semblant dire à la vie " vas y fait de moi ce que tu voudra " Son cœur avait faibli de l'épreuve, il le savait mais laissait faire, quelle importance ? Et le 24 novembre 2007 il s'en est allé lui aussi. Pouvait il en être autrement ?

Non, ce n'est pas une tragédie, c'est un compte merveilleux mais qui laisse comme un vide dans ma vie.
Nous avons tous dans notre existence des repères; un arbre, une plaque de rue, un monument ou que sais je encore et ce couple était pour moi un de ces repères qui me situait me replaçait quand je m'interrogeais et j'avais longtemps l'impression que jamais cela ne changerait.
Je retourne bien sûr régulièrement voir ma famille en passant devant leur maison vide.
Je dis ma famille, puisque mon père partage sa grande maison avec ma nièce qui elle même est l'heureuse maman de trois bambins. C'est bien sûr à chaque fois une explosion de fête avec trois sauvageons qui me sautent au cou. Ils entrent dans un monde que d'autres quittent et je deviens à leurs petits yeux l'arbre, la plaque de rue leur repère. Que du bonheur.
Avec mon esprit rebelle, ma vie peu orthodoxe je me demande parfois si c'est un bon choix ?
Mais oui, mais oui!!!!!!!

2 commentaires:

Antoine a dit…

C'est beau...

Anonyme a dit…

L'inexorable marche du temps !